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Intégration Soviétique : Causes de l'Effondrement



Depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, la doctrine s'est efforcée d’en trouver les causes. De nombreux éléments explicatifs de l’effondrement ont été proposés, parmi eux on peut citer notamment l’inefficace système économique (dû à l’usage d’une économie planifiée), à la fluctuation des prix du pétrole des années 1980 (principale source du budget de l’Etat dans ces années-là) ou encore la politique de containment des Etats-Unis (via notamment l’enlisement de l’armée soviétique en Afghanistan).


Mais un élément clef de l’effondrement soviétique fut avant tout la question nationale. Vladimir Poutine ira d’ailleurs jusqu’à dire que les bolchéviques étaient responsables du futur éclatement de l’Union Soviétique quand ils ont accordé l’indépendance aux Républiques en 1917-1919.


En fait, si on l’étudie de plus près, on peut se rendre compte que l’effondrement de l’Union Soviétique est dûe à la combinaison de tous ses facteurs pris ensemble, qui ont amené à une volonté d’indépendance des Républiques soviétiques. En d’autres termes, le déclin du modèle communiste au cours des décennies fut tel qu’à la fin des années 1980, les Républiques soviétiques n’ont vu qu’un seul moyen de se sauver des multiples crises traversant l’Union : le recours à des politiques nationalistes et l’obtention de leur indépendance.


Mais si cet élément de fait est la conclusion du processus de désintégration de l’Union Soviétique, il ne fut en rien inévitable, car il est difficile d’imaginer que ces velléités d’indépendance auraient abouti si les bonnes réformes auraient été prises au bon moment ou si le contexte économique avait été plus favorable. La preuve en est : lors du référendum sur l’adoption d’un nouveau traité d’Union de 1991, la majorité de la population soviétique (excepté celle des Etats baltes déjà indépendants à l’époque et celle de quelques Etats du caucase) avaient voté pour le maintien de l’Union.


Toutefois il faut remarquer que le pouvoir soviétique n’a pas été le protecteur des nationalités qu’il prétendait être. Le pouvoir soviétique a en effet exacerbé par sa pratique du pouvoir les tensions nationales au sein de l’Union. De fait, le parti communiste a très tôt adopté une politique impérialiste à l’image de celle menée par les Tsars lors des XVIII et XIXèmes siècles. Cette politique de russification a cherché à rendre la culture russe supérieure à tout autre au sein de l’Empire. Pour accéder aux plus hautes fonctions, pour obtenir le soutien du parti, pour obtenir des budgets, il fallait parler russe et exalter la culture russe.


Ce tournant politique commença dès 1929 (année de renforcement du pouvoir de Staline) et avait pour première cible les nationalités ukrainiennes et biélorusses (considérées comme étant trop indépendantes et trop avancées dans leur construction nationale, étant donc des éléments contre-révolutionnaires bourgeois). C’est ainsi que lorsque la famine du début des années 1930 commença, Staline favorisa largement le salut des peuples de culture russe pour de fait exterminer les peuples non-russes de la partie occidentale de l’Union.


Ensuite Staline a aussi eu recours aux déportations de masse. Furent ciblées surtout des nationalités à fort potentiel “séparatiste” ou étant trop affiliées à l’étranger (ce fut notamment le cas des coréens et des allemands). Ainsi Staline fut l’artisan d’une véritable purge ethnique et à un positionnement de la culture russe comme étant la culture supérieure dans une Union censée être séparée de l’impérialisme russe d’antan. Ce tournant devient encore plus clair lorsque Staline donna son fameux toast de la victoire en 1945 lorsqu’il a exalté le peuple russe comme étant le grand vainqueur de la Guerre. Le tournant impérialiste était alors pleinement assumé. Combiné à cela on peut aussi souligner l’importance d’une politique anti-religieuse vigoureuse qui interdisait notamment la lecture du Qu’ran ou encore le port des habits nationaux ou religieux.


L’Union Soviétique a en plus instrumentalisé les question nationales, les écrasant à l’intérieur mais les utilisant à l’extérieur (ce fut notamment le cas lors du Pacte Molotov-Ribbentrop dans lequel l’URSS allait annexer un partie de la Pologne au nom des Républiques ukrainiennes et biélorusses). L’URSS ira d’ailleurs jusqu’à faire accepter ses 15 sub-divisions internes comme étant des membres à part entière de l’ONU pour cause nationale alors qu’en interne une guerre de résistance était sauvagement écrasée dans les pays baltes.


Les successeurs de Staline ont essayé de relaxer un peu l’étau qui s’était abattu sur les Nations de l’URSS et de redonner un peu d’espace aux cultures nationales, mais cela n’a pas empêché Brejnev de déclarer dans les années 1970 que l’URSS avait donné naissance à un nouveau peuple : un peuple soviétique unique. Cette déclaration irréelle et blessante comportait en soi l’usage d’un double standard car les minorités n’ont jamais bénéficié des avantages dévolus aux russes alors que l’écrasement de leurs propres cultures était justifié par le fait qu’ils étaient désormais “intégrés”.


On peut donc facilement deviner que pendant des décennies la colère montait dans les Républiques et qu’au final cela n’a fait qu’apparaître au grand jour quand Gorbatchev accorda la liberté d'expression et que les institutions constitutionnelles ont enfin pu jouer leur rôle.


On peut donc ici illustrer qu’une politique autoritaire visant à intégrer des peuples différents ne peut aboutir qu’à un réaction nationaliste qui a pour résultat l’effondrement du centre, de l’Union elle-même.


L’Union Européenne, elle, a beaucoup mieux joué sur ce front là. En effet, l’Union Européenne ne cherche pas à créer un peuple européen unique et à imposer une culture sur toutes les autres. “Unis dans la diversité” est une bonne stratégie pour continuer à intégrer au sommet sans créer de résistances nationales. Quoiqu’on voit aujourd’hui qu’avec la succession des crises il y a tout de même une tendance au repli national au sein des Etats-membres de l’Union elle-même.


En tout cas l’étude de la chute de l’URSS peut être utile pour la théorie de la désintégration qui est en train d’émerger dans la doctrine. Elle illustre parfaitement le fait que lorsqu’une Union ne peut remplir ses objectifs et dans le même temps les populations ne peuvent facilement sortir du système ou encore influer de manière démocratique sur le système, ils peuvent choisir la voie de la désintégration complète de l’Union. La question est évidemment plus complexe que cela et aurait besoin de plus amples développements à l’avenir mais une leçon se trouve dans cette pratique autoritaire du pouvoir soviétique pour les futures organisations régionales.


Dans tous les cas, ce qui est intéressant pour notre sujet, c’est la réponse que Gorbatchev a donné aux revendications nationales via des tentatives de réforme du traité d’Union et la réorganisation de l’Etat.


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