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XXI : Inégalités et Frustrations

Dernière mise à jour : 26 oct. 2021




Si je ne suis pas du tout un supporter de Fidel Castro, j’aime parfois ces citations et je compte donc en utiliser une pour commencer cet article.


Lors d’un documentaire sur la Guerre Froide, des journalistes lui demandèrent ce qu’il pensait de la victoire du capitalisme sur le socialisme et sa réponse fut “Vous pensez vraiment que l’égoïsme va sauver le monde ?” (je paraphrase). Je pense qu’il voulait dire par cela que le libéralisme avait peut être vaincu de la tyrannie, mais que l’idée du socialisme, elle, n’avait absolument pas été vaincue et ferait un jour son retour.


Si j’en parle donc aujourd’hui c’est surtout pour dégager un constat clair : le “néolibéralisme” et le “néoconservatisme” ont échoué. Et un des dangers de ce XXIème siècle est bel et bien la frustration de la population vis à vis des promesses non tenues par le système.


Pendant des décennies, lors de l'après-guerre, les standards et la qualité de vie ne firent que monter. L’espoir était omniprésent. Chaque génération était persuadée que la suivante vivrait mieux qu’elle. L’avenir était plein de promesses.


Ce n’est plus le cas.


Nous sommes la première génération qui regardons l’avenir avec appréhension et nous savons qu’au mieux nous pourrons seulement maintenir notre niveau de vie au même niveau. Bien sûr il y aura des exceptions mais l’essentiel de la population sait, et sent, qu’à partir de maintenant, ce sera une chute constante.


Mais dans le même temps, la colère monte. On nous a abreuvé depuis l’enfance d’espoirs. “Travaille dur et tu sera riche !”. “Tout le monde peut y arriver !”. “It takes money to make money !”. Mais nous savons maintenant que ce ne fut que promesses vides.


L’écart entre les plus fortunés et les plus démunis ne fait qu’augmenter. S’il y a croissance, s’il y a progrès, s’il y a gains d’efficience, c’est toujours pour les mêmes. Pensez donc, alors que le salaire moyen n’a augmenté sur 30 ans que de 10% (alors que l'inflation a augmenté en moyenne de 15%) le salaire des plus fortunés a augmenté de 150% sur la même période !


A chaque fois qu’il y a une crise, c’est les plus fortunés qui sont sauvés d’abord, et les plus démunis qui payent


Tout cela prend sa source évidemment dans l’avarice et dans l’idéologie de l'entrepreneur. Comprenez-moi bien. Je n’ai rien contre ces derniers. J’étudie depuis des années le commerce international et je suis profondément attaché à la libéralisation des échanges ainsi qu’à l’utilité fondamentale du commerce. Mais l’entrepreneur ne peut être le but et la fin du système. Il n’est pas roi. Ce n’est pas sain d’ériger en valeurs absolues l'appât du gain et l’égoïsme de chacun.


Alors si le système a été modifié pour favoriser certains par rapport à d’autres et si pendant des années le système a survécu en faisant croire à tout le monde que peut être demain se sera eux, nous sommes aujourd’hui face à la banqueroute du système et sa dénonciation par la majorité.


Les inégalités créées par l’avarice ont nourri des frustrations immenses dans la société.


Celle-ci veut du changement. Et s'il ne vient pas le peuple l’imposera.


Mais quel changement ? Car si les passions du peuple ne sont pas maîtrisées ou canalisées, celles-ci se tournent vers des alternatives fantasques ou illusoires. “Tant que ça change je suis content !” pourrait-on dire.


Mais le changement n’est pas bon en soi. Il faut encore qu’il soit pour ainsi dire “compétitif”.


A titre d’exemple je vais prendre l’Allemagne en 1934. Sans rentrer dans la complexité de l’affaire, il faut comprendre qu’une grande partie des allemands ont consenti au pouvoir nazi parce que celui-ci leur proposait une alternative à la République capitaliste et libérale de Weimar qui avait “trahi” le peuple en 1929 (lors de la crise économique). Les allemands se sont dits “De toute façon ce ne peut pas être pire avec les nazi !”.


Eh bien sans faire le bilan complet, imaginez que vous êtes un de ces allemands qui a consenti au pouvoir nazi car “ce ne peut pas être pire” en 1945. Berlin est en ruine. Il n’y a plus ni électricité ni nourriture. Des millions de gens sont morts. L’Allemagne a perdu une grande partie de son territoire et sera désormais scindée en deux par des occupants. La honte de ce que le régime a fait sera éternelle … Finalement Weimar en 1929 c’était pas si mal en fait …


Ce que je veux dire par là c’est que si la frustration prend contrôle et se débarrasse de la raison nous pouvons nous retrouver dans un pétrin bien pire que celui dans lequel nous sommes aujourd’hui. Et on ne pourra pas s’en plaindre !


Mais si je peux critiquer le peuple qui toujours est facilement manipulé par des charlatans et que j’ai vraiment peur de ce qui peut nous arriver si la raison nous quitte, je dois absolument blâmer le système actuel. Car le système a créé cette situation. Car nous avons oublié l’intérêt général pour favoriser l’intérêt particulier. Comme des enfants qui veulent que Noël dure infiniment, nous n’avons pas pensé aux conséquences de nos actes et la facture risque d’être amère.


Il va donc falloir préempter le changement si on ne veut pas qu’il nous écrase. Nous avons une obligation d’avancer pour ne pas mourir, pour ne pas perdre nos libertés.


Car subir une perte de raison alors qu’on doit faire face aux crises du XXIème siècle c’est du pur suicide


Pour vous en assurer, il suffit de regarder l’Amérique de Trump. Un Etat sans égal, qui se détruit de l’intérieur car tout le monde a perdu la raison … Et la raison ils l’ont perdu par frustration, car qui peut être plus frustré avec les mensonges et les fausses promesses du système néolibéral que son héraut mondial ?


Il faut changer le système, ou couler.


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